Madame la rectrice,
(Heureuses de vous rencontrer enfin et nous espérons une rapide rencontre en bilatérale)
Mmes et M. les membres du CSA-A,
Nous vivons une période d’instabilité. Instabilité politique, causée par un président qui refuse de voir le chaos dans lequel il a plongé le pays par sa politique hors sol.
Instabilité professionnelle : les ministres et les réformes se succèdent. Ces dernières ne sont jamais évaluées et finissent par miner l’ensemble des personnels de notre ministère.
Mais malheureusement, certaines choses restent stables. Par exemple la volonté de faire des économies en sabrant dans le vif :
- annonce de fermeture de sites de formation au sein de l’INSPE de Bretagne (en laissant la porte grande ouverte à l’Université Catholique de l’Ouest, un établissement supérieur hors contrat partiellement financé par le milliardaire réactionnaire Stérin)
- fusion de 3 lycées pour en faire un « campus innovant » en supprimant des postes et remplissant à ras bord des classes. C’est loin d’être de l’innovation !
- remplacement continu des postes de titulaires par des postes de contractuel·les…jusqu’à atteindre un seuil critique en termes de gestion de ces personnels.
Mais, le vif c’est l’humain. Et dans l’éducation, l’humain c’est la base.
Reprenons donc, les différentes parties du bilan qui nous a été soumis il y a 4 jours.
Après une décennie de hausse quasi-constante du nombre de lycéen·nes, gérée à moyens constants, on nous annonce à partir de 2026, une décrue. C’est pour les politiques l’occasion de pouvoir (enfin !) diminuer le nombre d’agent·es. Mais dans une situation où les classes sont de plus en plus chargées et les élèves de plus en plus fragiles, ces politiques prennent le risque de sacrifier une génération d’élèves. De dégrader encore plus les conditions de travail et d’études et de pousser à bout nombre de personnels !
Parmi les collègues dont la situation s’aggrave, nous souhaitons attirer l’attention sur la situation des TZR. Ils et elles ont passé et réussi le concours, au risque de se voir envoyé·es hors de l’académie pendant de nombreuses années. Quand iels reviennent en Bretagne, trop souvent, iels doivent passer des années de « purgatoire » sur des affectations multiples (35% d’entre eux sont sur plus d’un établissement. On aurait aimé avoir le chiffre de celleux qui sont sur plus de 2 établissements.) Certes, cette année, elles et ils sont plus nombreux sur une AFA, mais cette détérioration épuise nombre de ces personnels. En fait, plus vous bossez pour avoir la stabilité offerte par le concours, plus vous êtes mis en instabilité par votre employeur.
Tout cela fait écho à la lecture, au fil des pages, au manque d’attractivité et la difficulté à recruter dans l’éducation nationale. En cette rentrée, ce sont :
- 305 postes restés vacants à l’issue du mouvement dont 200 postes en enseignement pro
- 45 ETP manquant pour les BMP,
- 14% des contractuel·les qui ne renouvellent pas leur contrat
- 35 postes de la filière admin, 13 postes de médecins scolaires et 17 postes d’infirmières sont toujours vacants, il est alors difficile de mener des campagnes de prévention en particulier sur la santé mentale de nos élèves.
- Et, enfin, une difficulté accrue de recrutement des AESH en Ile et Vilaine car le taux de chômage de ce département est trop faible ! Les potentiel·les candidat·es ayant la possibilité de trouver « facilement » un emploi avec de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés. On en serait presque à proposer que la solution à ce problème de recrutement soit la hausse du taux de chômage qui obligerait les gens à prendre des emplois dans l’EN !
Pour la CGT Éduc’action il est clair que sans une amélioration générale des conditions de travail (notamment par une baisse des effectifs par classe) et une revalorisation des salaires, nous allons droit dans le mur.
Enfin, en ce 14 octobre 2025, nous ne pouvons qu’avoir une pensée pour nos collègues PLP qui se sont mobilisé·es dans toute l’académie pour dire leur refus du parcours Y et de la reforme Macron-Grandjean. Cette réforme qui fait de l’entreprise la pierre angulaire de la formation professionnelle. Mais c’est un mythe car l’entreprise n’est pas un lieu adapté à la formation initiale. Les accidents et la mort[1] de plusieurs élèves lors des PFMP le démontre. Pour nous, l’enseignement professionnel sous statut scolaire doit viser l’émancipation des élèves et non répondre à une mise en adéquation radicale de la formation et de l’emploi.
Hier, lors du CREFOP, nous avons entamé le nouveau round de la carte pluri-annuelle des formations et espérons ne pas être, comme l’année dernière, mis·es devant le fait accompli de fermetures injustifiées. Les élèves de l’académie doivent pouvoir se former sans avoir vocation à être assigné·es à résidence et à devenir de la main-d’œuvre sous payé et corvéable à merci !
[1] Entre avril et juillet 2025, un apprenti de 15 ans, un lycéen de bac pro de 17 ans, un élève de 16 ans de 2de GT en « séquence d’observation », deux lycén·nes de l’enseignement agricole ont perdu la vie en entreprise. Et, nous ne pouvons oublier que le plus jeune des morts au travail est un élève de 3e.

