Le 24 juin les personnels des Greta avaient rendez-vous à la bourse du Travail à Paris pour les Assises nationales des Greta, organisées par une inter-syndicale dont la CGT Educ’action.
J’avais participé aux Assises régionales à Rennes fin mars, j’avais été agréablement surprise par le nombre important de personnes présentes et par l’envie partagée de faire bouger les choses. Cette mobilisation m’a convaincue de « monter à la capitale » pour participer à un évènement de plus grande envergure et c’était aussi une occasion unique de rencontrer des collègues de la France entière ! On se rencontre déjà rarement, voire jamais, au niveau académique alors au national…
Nous voilà réuni·es dans la magnifique salle de la bourse du travail, avec 4 thèmes prévus au programme, il y a de quoi faire !
Nous abordons le 1er thème portant sur les salaires et les grilles sur lesquels ils sont indexés, ainsi que sur les primes et l’harmonisation de la rémunération pour les agent·es des Greta. Le constat est le même pour tous : nos salaires ne sont pas dignes de nos missions, qui s’alourdissent d’année en année. Nous apprenons avec stupeur que dans certains Greta la réévaluation des salaires tous les 3 ans, pourtant obligatoire, n’est pas appliquée. Certain·es collègue·s ont le même salaire depuis 10 ans ! Nous passons un temps considérable sur ce thème car on sent la lassitude des personnes présentes et le poids du manque de considération du Ministère de l’Éducation nationale. Nous avons le sentiment de ne pas exister, à tel point que celui-ci est incapable de donner le nombre de Greta en France lorsque la délégation syndicale le lui a demandé ! Idem lorsque la délégation demande la création d’un groupe de travail portant sur les conditions de travail, les représentants du ministère ne donnent pas de réponse claire, en attendant le flou règne et la détresse des personnes reste… Les témoignages et questions se poursuivent : possibilité de titularisation des personnels, évolution du métier de CFC vers celui de CFC, opacité de la détermination des échelons lors du recrutement des personnes, turn-over très important dans les Greta etc.
Nous sommes en retard sur le planning et nous devons passer au thème suivant, mais celui-ci était sensible pour tous et nous avions un tel besoin de nous exprimer.


Place donc au sujet suivant : carrière, statut, titularisation et accès aux concours. Au fil des discussions, nous faisons un constat très clair : le Ministère et donc le gouvernement ont la volonté de privatiser la formation continue des adultes et que celle-ci ne soit plus un service public. Cela se traduit notamment par la disparition des personnels en postes gagés dans nos Greta, la présence de titulaires se réduit comme peau de chagrin au fil des années.
Avant d’aller déjeuner nous nous attaquons au 3ème thème portant sur les conditions de travail, le dialogue social, le rôle et les moyens des représentants des personnels. Là encore il y a beaucoup à dire, le lien avec le 1er thème étant évident. Une grande partie des personnes présentes apprend l’existence des fiches SST et notre droit en tant que personnel Greta à les utiliser. Certain·es apprennent que les décisions concernant leur Greta sont prises lors du CA du lycée support auquel il est rattaché. Nous avons une telle méconnaissance de notre fonctionnement ! Cette méconnaissance est bien évidemment entretenue par les directions et le Ministère, car le savoir c’est le pouvoir non ? D’ailleurs cette ignorance est entretenue en ce qui concerne le rôle et les « pouvoirs » des représentant·es des personnels. Nous étions quelques un·es à être élu·es et nous avons fait le constat que nous n’étions pas suffisamment formé·es et que de ce fait, nous avons l’impression de jouer le rôle de faire-valoir plutôt que de force d’opposition. Heureusement les syndicats existent et peuvent nous aider à connaître nos droits et les défendre !
Après la pause déjeuner nous reprenons les discussions pour le dernier thème : l’avenir des Greta (thème principalement axé sur la dérive vers les GIP des Greta), dans une bourse du travail aux allures de sauna ! Chacun improvise un éventail avec ce qu’il a sous la main et c’est reparti !
Lydia, formatrice au Greta du Var, témoigne de la transformation du Greta où elle travaillait depuis plus de 20 ans, en « service formation continue » d’un GIP depuis le 1er juin. Les changements qu’elle nous présente sont vraiment conséquents (notamment sur les conditions de travail) et ne laissent rien présager de bon… Par exemple, les instances habituelles (AG, commission du personnel, etc.) sont supprimées au profit d’un CSA, où les représentant·es des personnels n’ont plus qu’un rôle consultatif et n’ont plus aucun droit de vote. La démocratie n’a plus d’existence dans cette nouvelle organisation. Une autre hérésie laisse sans voix, à savoir un glissement du rôle des CFP/CFC. Nos collègues deviennent responsables d’antenne en binôme : un·e qui est responsable de l’administratif et un·e responsable de la « commercialisation », rien que ce mot nous fait horreur alors que notre vocation est consacrée au service public, on voit bien là la dérive souhaitée par notre gouvernement capitaliste. Notre inquiétude grandit lorsque nous apprenons que le Greta de Toulouse et celui de Lorraine sont menacés de subir le même sort. Nous craignons une généralisation du modèle, qui pourtant ne devait être qu’exceptionnel, pour « sauver » un Greta qui était en grandes difficultés financières, et qui devait n’être qu’un test.

La journée s’achève par un vote : la décision est prise à l’unanimité de mener une action nationale prévue la 2ème quinzaine de septembre. Nous ferons grève pour protester contre cette dérive et pour porter nos revendications concernant nos conditions de travail qui se dégradent jour après jour, à l’instar de celles des collègues de la formation initiale. Une convergence des luttes sera à réfléchir.
En attendant nous sommes déterminé·es à lutter, quitte à disparaître, autant le faire avec panache et surtout pas dans le silence et la résignation !
Véronique, CGT Educ’action 56








